J'espère que tout se passe pour le mieux de votre côté, malgré la situation actuelle.
Par ici, c'est un peu calme car la grande période de la rédaction de thèse a commencé !
Et c'est un peu long.
En attendant de vous proposer de nouvelles planches, voici quelques petites choses publiées ça et là à d'autres endroits ! En espérant pouvoir vous montrer d'autres choses bien vite !
D'ici là, beaucoup de courage à vous pour cette étrange période !
Journal de confinement interactionniste
Quelques petits dessins réalisés autour d'une idée déjà un peu explorée (cf. ici en bas de note) : ça ferait quoi d'être en colocation avec des interactionnistes ?La même chose, mais "confinement édition", donc !
Le "sale boulot" est une idée développée par Everett C. Hughes (ici avec le masque) et repris par nombre de ses élèves (parmi lesquels Howard Becker et Erving Goffman, représentés ici derrière la porte). L'idée est simple : il y a, dans tout travail, une partie de "sale boulot" que personne ne veut faire. L'un des enjeux pour les professionnels est donc de réussir à se dédouaner du sale boulot sur les subalternes (soit un corps professionnel situé en dessous dans la hiérarchie, soit le petit nouveau qui vient de débarquer dans le métier).
Avant de commencer sa thèse, Donald Roy a fait divers petits boulots, dont un dans une usine à la chaine. Le boulot si ennuyeux que Donald développe des petits jeux de travail, se lançant des petits défis. Mais très vite, l'ennui revient. En observant ses collègues, il se rend compte que ceux-ci se livrent à des petits rituels : des thématiques de discussions qui reviennent souvent, ou des temps particuliers qui rythment leur journée et qui fait souvent l'objet d'une annonce.
C'est le cas du "Banana time !", lancé par l'un de ses collègues qui, chaque jour, dérobe une banane dans le sac d'un autre collègue avant de la manger sous le nez de ce dernier. Donald Roy s'étonne que celui-ci continue, jour après jour, à amener une banane alors même qu'il ne la mange jamais. Il en conclut que ces temps (au même titre que les thèmes de discussion) constituent des moments de satisfactions aux travailleurs, permettant de tromper l'ennui mais aussi de créer une sorte de solidarité de groupe.
Jusqu'au jour en tout cas où un trouble vient jeter la discorde au sein du petit groupe de travailleur...
(pour connaitre les effets de ce trouble, je vous invite à lire l'article, disponible ici ! Eh oui : il faut absolument lire Donald Roy !!)
Auteurs et autrices de BD : Les grands vainqueurs du confinement?
Un petit texte réalisé pour une lettre interne à mon laboratoire. La thématique était la suivante :Qu'est-ce que le confinement change sur vos terrains respectifs ?
Scotchant sur le générique de votre cinquième film du
week-end, vous vous êtes peut-être dit « Il en faut du monde, pour
produire un film… ça va être compliqué avec le confinement,
tiens ! ».
La bande dessinée, elle, nécessite beaucoup moins de
personnes qu’un film pour être produite. Certes, la chaine du livre implique
pas mal d’intermédiaires entre l’auteur et son lectorat (éditeur, imprimeur, libraire,…)
et la production d’ouvrages papier risque bien, elle aussi, de diminuer. Toutefois,
depuis maintenant quelques années, les auteurs et autrices de bd ont pu investir les outils
numériques, que ce soit dans la production mais aussi la diffusion (d’abord via
les blogs-bd, maintenant sur Twitter
ou Instagram). Les auteurs de bd n’ont
ainsi jamais autant été aussi autonomes dans leur capacité à produire et diffuser
leurs travaux. Plus encore, les auteurs de bd
sont déjà habitués au télétravail (plus de 70% travaillent à leur domicile).
Ils se plaisent d’ailleurs à raconter leur « bouclages », ces moments
de travail intensif où ils peuvent rester confinés pendant plusieurs semaines
afin de finir un album.
Les auteurs de bd
seraient-ils alors les grands vainqueurs de ce confinement ? Pas vraiment.
Pas du tout, en réalité. En effet, si le cœur de leur métier consiste bien à
produire des planches, une part conséquente de leurs rémunérations est liée à
des activités dites « accessoires » : interventions scolaires,
conférences en festival, animation d’ateliers d’écriture ou de dessin, etc.
Malgré leur appellation, ces revenus sont loin d’être accessoires pour de
nombreux professionnels. Or, avec les annulations des différents festivals ou
autres rencontres littéraires, nombre d’auteurs de bd ont subi une perte drastique de revenus. Ajoutons à cela
le fait que les ventes de livres s’effondrent et que certains éditeurs décident
de repousser certains projets : l’inquiétude est grandissante chez ces
professionnels.
Pour ces auteurs de bd,
ce n’est donc pas leur propre confinement qui fait épreuve, mais plutôt celui
des autres membres de leur monde. Plusieurs collectifs ont essayé de
transformer cette épreuve en problème public, faisant appel à la responsabilité
politique de l’État. Ce dernier en appel plutôt aux responsabilités des maisons
d’édition et évènements littéraires, les invitant à maintenir, malgré tout,
leurs rémunérations. C’est donc finalement bien souvent l’auteur qui se
retrouve responsable, devant convaincre ses interlocuteurs de se montrer
solidaire afin de lui permettre de poursuivre son activité. Si les auteurs ont
pu gagner en autonomie grâce aux outils numériques, ils n’ont jamais tant été
contraints d’être autonomes.
(NB : la ligue des auteurs professionnels a récemment publié les premiers résultats d'une enquête à propos de cette perte de revenu des auteurs et autrices. Les pertes sont en effet considérables pour un grand nombre de personnes...)
Conférence "BD et sciences sociales" à l'EHESS
Le 27 février dernier, l'association Alumni EHESS organisait une conférence "Dessine-moi les sciences sociales" où j'ai eu la chance d'intervenir avec plein de personnes fort sympathiques !Voici le dessin réalisé pour annoncer ma participation...
(Note : la conférence a été filmée, vous pourrez retrouver la vidéo en dessous des dessins)
Petit bonus, à propos des injonctions au travail en cette période de confinement
Petite réflexion sur twitter à propos d'une certaine tendance au sein du milieu de l'Enseignement supérieur et de la recherche (ESR) à demander toujours plus de travail.À propos des injonctions à la "continuité scientifique"— Emile, on bande ? (@sociobd) March 23, 2020
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